Le mouvement HLM vient de tenir son congrès national à Nantes. Plus d'un locataire sur trois réside dans le parc de logements sociaux.

Entretien avec Patrick Sciberas, Directeur de Aro-Habitat(Association Régionale des Organismes d’HLM de Bretagne)

Que représente aujourd’hui le logement social en Bretagne ?

Les vingt-trois bailleurs sociaux de Bretagne, offices publics, entreprises sociales pour l’habitat et coopératives HLM gèrent 165 000 logements locatifs familiaux et 30 000 places dans 650 résidences en hébergement collectif pour personnes âgées, étudiants, personnes handicapées, foyers de jeunes travailleurs.

Quel est le profil des locataires et des candidats à un logement ?

Près de 75 % des occupants sont des adultes vivants seuls ou des familles monoparentales. Plus de la moitié des demandeurs externes sont des personnes seules. Les demandeurs déjà locataires HLM ont un profil plus familial. Les demandeurs externes sont plutôt jeunes, 30 % ont moins de 30 ans et seulement 8 % plus de 65 ans. Leur situation financière est très précaire. Près des trois quarts d’entre eux disposent de ressources inférieures à 60 % du plafond d’entrée en HLM.

Quels sont les délais d’attente pour obtenir un logement ?

Nous ne sommes pas, en Bretagne, dans une situation de tension, comme en Ile-de-France par exemple. En 2015, 23 100 attributions de logements ont permis de satisfaire 45 % des demandes enregistrées en début d’année. Une attribution sur trois concernait des demandes de locataires déjà en HLM, ce qui a permis de favoriser leur parcours résidentiel. Le délai moyen de satisfaction d’une demande de logement est de 10 mois pour une personne extérieure et de 13 mois pour un locataire HLM souhaitant changer d’appartement.

Les investissements sont-ils à la hauteur des besoins ?

Près de 3 600 nouveaux logements ont été mis en chantier en 2015, soit un niveau équivalent à celui de 2014. Plus de 530 millions d’euros ont été investis en 2015 dans la construction neuve locative. Nous travaillons au développement d’une offre nouvelle de 5 000 logements sociaux par an, dont une part, croissante, en accession à la propriété. L’enjeu principal réside cependant dans le maintien de la qualité du parc existant. Pour réduire les charges et améliorer le confort des locataires, les organismes ont investi l’an dernier plus de 180 millions d’euros dans la réhabilitation et le gros entretien de leur patrimoine, financés principalement sur fonds propres. Ce qui n’est pas sans incidence sur l’activité des entreprises du bâtiment !

Les financements des programmes de construction et de rénovation sont-ils assurés ?

Au congrès de Nantes, Manuel Valls nous a assuré vouloir engager une politique forte en faveur du logement social. Mais nous sommes en fin de mandature… La Caisse des dépôts va accorder des prêts bonifiés pour consolider le bilan des organismes, avec un différé de remboursement de vingt ans. Une prise de risque sur le long terme. Quelles seront les capacités de remboursement dans vingt ans ?

La loi impose 20 % de logements sociaux dans les communes urbaines de plus de 3 500 habitants. Où en sommes-nous ?

On progresse. Et la Bretagne n’est pas la plus en retard sur ce terrain. Quatre arrêtés de carence seulement ont été pris par les préfets, pour Perros-Guirec, Plérin, Caudan et Saint-Nolff. Mais ces quotas doivent être examinés avec circonspection, en fonction de situations locales. Les maires réellement réfractaires sont très peu nombreux, nous préférons donc l’adhésion à la contrainte.

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