Clauses abusives, tarifs en hausse, prestations facturées de façon illicite... l'UFC-Que Choisir et l'ARC (responsables de copropriété) dressent un tableau très noir des pratiques des syndics de copropriété, et appelé les pouvoirs publics à y remédier de toute urgence.

« Les syndics usent et abusent d’artifices sur le dos des copropriétaires« , a dénoncé Alain Bazot, président de l’association de consommateurs, à l’occasion de la présentation d’une étude menée conjointement avec l’ARC.

L’UFC et l’ARC ont mis en place un Observatoire des syndics qui, à partir de l’examen des contrats des cinq principaux acteurs du marché (Foncia, Nexity, Citya, Urbania et Immo de France), a mis au jour des pratiques « condamnables, lamentables et persistantes », souligne M. Bazot. « Il y a urgence à ce que les pouvoirs publics interviennent », ajoute-t-il, alors que la loi-cadre sur le logement, actuellement en préparation au ministère du Logement, doit comporter un volet pour mieux encadrer l’activité des syndics de copropriété.

Selon les deux associations, seuls 64 % des clients des cinq grands réseaux (qui représentent entre 40 % et 60 % du marché) en sont satisfaits, contre 89 % pour les clients de syndics bénévoles. L’étude dénonce en particulier l’existence de clauses abusives dans les contrats. Elle en dénombre en moyenne 18 par contrat, et jusqu’à 25 chez Foncia.

La plus courante : ne pas identifier clairement les prestations qui seront facturées en sus du forfait, ce qui va à l’encontre de l’arrêté Novelli de 2010.

Tarifs « faramineux »

Pour remédier à cette dérive, l’ARC demandera à Benoît Hamon, l’actuel ministre délégué à la Consommation, de modifier cet arrêté, pour rendre limitative, et plus seulement indicative, la liste des tâches que les syndics peuvent faire payer en plus du forfait. Les deux associations reprochent aussi aux syndics de présenter comme avantage commercial des prestations qu’ils sont de toute façon tenus légalement d’assurer, telles la garantie des fonds ou la conservation des archives.

Autre pratique abusive : la multiplication des facturations illicites. Dans les cinq enseignes étudiées, la tenue des assemblées générales de copropriétaires en dehors des heures ouvrables est ainsi facturée en plus du forfait, une pratique pourtant condamnée par la jurisprudence, puisqu’il s’agit par définition d’une prestation récurrente et prévisible, souligne Frédéric Blanc, juriste à l’UFC-Que Choisir.

L’UFC et l’ARC s’insurgent également contre les tarifs « faramineux » souvent pratiqués par les syndics : jusqu’à 48 euros pour un rejet de prélèvement, 71 euros pour fournir les factures de chauffage, dans le cadre du diagnostic de performance énergétique, 179 euros pour obtenir la copie du règlement de copropriété et pas moins de 538 euros pour un état daté, le document qui fait le point sur la situation financière d’un propriétaire envers la copropriété au moment de la vente de son bien.

« Il s’agit d’actes monopolistiques, que seul le syndic peut réaliser, et à ce titre, les tarifs devraient être réglementés, comme ceux des huissiers, des notaires, etc. », estime Frédéric Blanc. Au total, ces trois dernières années, le prix du forfait de base des syndics a augmenté de 3 % par an et celui des prestations supplémentaires, de 10 % par an, selon l’ARC.

La loi Duflot, qui sera présentée en conseil des ministres fin juin ou début juillet, doit encore faire l’objet d’arbitrages sur certains points. Mais, selon des sources du secteur, elle devrait notamment rendre obligatoire l’établissement d’un compte bancaire séparé pour chaque copropriété et instaurer la possibilité de résilier chaque année le contrat avec le syndic.

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