Il y a près de 20 ans, Rennes métropole lançait une nouvelle politique de l’habitat. Pour quels résultats ? L’analyse du président de Rennes métropole.
Entretien avec Emmanuel Couet, président de Rennes métropole.
Au début des années 2000, quand la hausse des prix faisait de Rennes l’une des villes les plus chères de France, les élus ont lancé leur nouvelle politique locale de l’habitat. Quelles étaient les conclusions principales de ce diagnostic et de quelle façon ont-elles été prises en compte dans le PLH qui a suivi ?
Pour nos prédécesseurs, le constat était simple, il fallait faire face à une forte croissance démographique, conjuguée à un nombre insuffisant de logements. Edmond Hervé et les élus communautaires ont lancé une politique audacieuse à la hauteur de ces enjeux. Ils ont fait le pari de s’appuyer sur la solidarité des communes et de doubler la production, en passant de 2 200 à 4 000 constructions par an, dont la moitié en logements aidés. Cette politique publique volontariste a porté ses fruits. Les prix se sont stabilisés et les ménages ont retrouvé du pouvoir d’achat. Cette première génération de PLH a marqué les esprits, notre territoire est depuis régulièrement montré en exemple au niveau national.
Sur quels leviers a-t-on pu s’appuyer pour tenir l’objectif en matière de maîtrise des prix compte tenu des contraintes : protection de l’environnement, pression démographique, enjeu de mixité sociale ?
Notre politique extrêmement volontariste s’est traduite par un investissement de 300millions d’euros pour le logement au cours des dix dernières années. Notre objectif est de favoriser l’accès au logement pour tous, tout en veillant à la qualité environnementale des constructions et en maîtrisant les prix du logement. C’est le fruit d’un travail collectif de tous les acteurs du territoire. Les communes, les organismes HLM, les promoteurs, les fédérations du bâtiment… tous les acteurs de la chaîne du logement se mobilisent, ce qui est un cas unique en France. Ensemble, nous avons réussi à densifier notre territoire en préservant les terres agricoles, sans remettre en cause notre modèle de ville-archipel.
Comment contenir les prix de l’immobilier à moyen terme ?
Pour les logements à prix maîtrisés, en accession sociale à la propriété, il y a des mécanismes qui permettent d’éviter la remise trop rapide sur le marché, et donc de réguler l’augmentation des prix. En cas de revente avant dix ans, les primo-accédants doivent rembourser les aides. Pour garantir dans le temps l’accession sociale à la propriété, nous allons créer très prochainement un organisme du foncier solidaire. Dans le secteur du locatif social, nous allons expérimenter le loyer unique, pour que les ménages les plus modestes puissent eux aussi choisir leur lieu de vie, leur commune, leur quartier. Concrètement, demain, que l’on habite à Maurepas, dans le centre-ville de Rennes ou dans une commune périphérique, le loyer pratiqué sera le même pour des logements similaires, peu importe l’année de construction, la localisation ou l’organisme HLM. Cela peut paraître simple, mais c’est une véritable révolution.