Depuis le 1er janvier, les acquéreurs de logements neufs situés dans l'agglomération angevine ne peuvent plus défiscaliser.

Cette fois, c’est bien fini. En sursis depuis un an, le dispositif de défiscalisation Pinel, du nom du ministre du Logement qui l’a initié, ne s’applique plus dans 900 villes jusque-là concernées, dont Angers, Cholet et leur agglomération.

La révision des zones éligibles voulue par le Gouvernement consiste à recentrer l’effort au cours des trois prochaines années dans les zones les plus tendues sur le marché immobilier. Un mauvais calcul, selon Alain Riguidel, directeur régional d’Eiffage Immobilier et président de la Fédération régionale des promoteurs immobiliers (FPI) : « L’agglomération d’Angers figure parmi celles qui ont commercialisé le plus grand nombre de logements sous cette forme. Notre organisation est intervenue pour dire à quel point ce dispositif correspondait à un vrai besoin sur ce territoire ».

La cité du Roi-René figurait d’ailleurs en tête d’une liste de dix villes qui a été soumise au ministère pour bénéficier d’une nouvelle dérogation. L’amendement voté par le Sénat a été rejeté par l’Assemblée nationale.

« Dans l’immédiat, la discussion est close, déplore Alain Riguidel. Avec la suppression du Pinel, les constructeurs vont avoir des difficultés majeures à sortir des programmes. Le délai de commercialisation, à tout le moins, risque d’être plus long, surtout au-delà de cinquante logements. Certains promoteurs vont être tentés de déserter l’agglo pour se tourner vers Nantes ou les villes du littoral qui continuent, elles, à en bénéficier ».

C’est la stratégie qu’a déjà adoptée Mickaël Juret, gérant de Carréneuf. Sa société a vendu l’an passé 225 maisons à Angers et dans les communes voisines. Une soixantaine a fait l’objet d’un montage financier incluant le Pinel. « La cible correspondait à des gens qui paient entre 2 000 et 10 000 € d’impôt par an. Ils pouvaient en déduire 2 500 € en moyenne par ce biais, observe le promoteur angevin qui s’apprête à ouvrir une agence à Nantes. On n’a pas d’autre choix que d’aller chercher des contrats ailleurs. On a lancé des programmes à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Noirmoutier, aux Sables-d’Olonne. Pour nous, c’est assez simple de s’exporter. C’est plus compliqué pour les artisans qui doivent trouver des chantiers ».

Directeur Atlantique de Bouygues Immobilier, la société qui porte localement le projet le plus ambitieux du moment (160 logements rue des Ponts-de-Cé), Frédéric Boisset voit dans cette mesure d’autres effets pervers potentiels : « À Angers, les fondamentaux du marché restent excellents grâce à la dynamique de l’emploi et à la forte présence étudiante. Les achats des résidences principales représentent 40 % des investissements et échappent à cette logique de défiscalisation. Mais ce qui peut être pernicieux, c’est que la baisse de l’offre générée par la fin du Pinel ait un effet inflationniste sur les prix de vente du neuf (2 989 € en moyenne dans l’agglomération au troisième trimestre 2018, ndlr) et sur le montant des loyers ».

3 QUESTIONS à Daniel Dimicoli

Daniel Dimicoli est vice-président en charge de l’habitat et de l’urbanisme dans l’agglomération.

La sortie de l’Agglo du dispositif Pinel, une déception forcément ?

« On s’est battus jusqu’au bout pour que notre territoire puisse continuer à bénéficier de ce dispositif. La disparition de ce mécanisme nous fait craindre un essoufflement de la production de logements sur un marché angevin pourtant devenu très porteur ».

Pour quelle raison ?

« Les promoteurs ont besoin de précommercialiser aux alentours de 40 % de leur programme avant de lancer les travaux. Or les investisseurs locatifs sont majoritaires parmi leurs clients (62 % des acquéreurs, selon le dernier baromètre Oloma, ndlr). Le moindre intérêt qu’ils vont trouver dans ces opérations peut freiner sur la durée l’aménagement de certaines zones, en particulier le Plateau des Capucins à Angers. C’est dommage car la dynamique était bien relancée ».

Et dans les quartiers prioritaires ?

« Cette mesure n’impactera pas les opérations de renouvellement urbain, comme celles qui démarrent à Belle-Beille et Monplaisir. C’est l’accession sociale à la propriété pour primo-accédants qui sera favorisée dans ces quartiers en actionnant plutôt le levier des prix de vente, notamment grâce au taux de TVA réduit ».

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